" L'expérience est une lumière qui n'éclaire que soi-même "
( Lao-Tseu)


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A ceux pour qui le bla-bla et la technique rebutent, ils pouvent aller directement sur le lien photos, afin de voir une sélection de mes meilleurs clichés.





Mes débuts

Les premières photos furent prises avec un genre "d'instamatic" que j'avais emprunté à mes parents. C'était un appareil en plastique de marque Kodak, qui devait dater des années 60-70. Au-dessus de l'objectif, trônait un énorme réflecteur permettant d'y insérer un flash de type bulle. Pour faire avancer la pellicule, il fallait tourner une petite roue et s'arrêter dès que le numéro de la photo apparaissait dans une petite fenêtre. Le format des négatifs était bizarre (40x40), mais procurait de bons résultats. Bien sûr ce n'était pas des photos extraordinaires, mais pour un début c'était déjà bien. En plus, il était pratique car il n'y avait aucun réglage préalable, juste cadrer et déclencher. Par contre, le flash portait seulement sur une distance de 2-3m.

Je ne l'ai pas utilisé très longtemps... car lors d'une visite dans la rivière de Gournier (Vercors / France), j'étais accroché sur un câble au-dessus d'un bassin profond, quand soudain je perdis l'équilibre, ce qui me fit lâcher l'appareil qui coula à pic en quelques secondes. Ce fut d'ailleurs bien dommage, car j'étais presque à la fin du film...

Quelques mois plus tard, lors d'une visite de la grotte de Cabrespine (Aude / France) devenu touristique quelques années plus tard, je décidai de ramener quelques photos de cette belle cavité, comportant un concrétionnement important. En panne d'appareil... je pris cette fois celui de mon amie, un Reflex 24x36 de gamme moyenne, avec quelques objectifs interchangeables. Un petit flash synchro à même l'appareil ne me permettait pas beaucoup de recul, c'est pourquoi je concentrais mes images sur des concrétions, à une distance maximum de 2 mètres.

1 semaine plus tard, quelle ne fut pas ma déception de constater que toutes mes diapos étaient fichues, car complètement surexposées. De plus, de grandes rayures apparaissaient sur les images, signe que quelques grains de roche s'étaient introduits lors des changements d'objectifs ou de pellicules. Bref, je compris alors que la photo souterraine ne s'improvisait pas, si l'on veut ramener autre chose que des photos noires ou blanches...


Nullement découragé par cet échec, je décidais quand même d'acheter un appareil correct, car celui de mon amie, ayant mal supporté sa seule et unique ballade souterraine, avait depuis ce moment une fâcheuse tendance à rayer la pellicule!

J'ai donc fait l'acquisition d'un "Nikonos IV A", un appareil 24x36 destiné avant tout pour la plongée, mais parfaitement adapté à la spéléo car d'une robustesse à toute épreuve. L'engagement financier était certes conséquent, mais sur plus de vingt ans, il m'a permis de rapporter sans encombre plusieurs milliers de diapos. Je l'ai changé il y a quelques années pour un modèle identique, mais dans un meilleur état.



Le matériel


Au début des années 60, un appareil révolutionnaire arrive sur le marché: le Calypso-Phot. Ce boîtier, étanche jusqu'à 60 mètres, est le fruit d'une collaboration entre un ingénieur belge et le commandant Jacques-Yves Cousteau.
En 1963, la société Nikon rachète la licence du "Calypso" pour une distribution mondiale. Ainsi naquit le "Nikonos".
Au fil des années, l'appareil va se moderniser avec les sorties successives du "Nikonos II" (1968), du "III" (1975) et du "IV A" (1980). C'est à cette époque que j'ai décidé d'acheter le mien.

Nikonos IV A
Cet appareil subaquatique de format 24x36 peut descendre jusqu'à une profondeur de 50 mètres et résister à une pression de 6kg/cm2. Le boîtier est en aluminium injecté et plastique chargé.
Le système de prises de vues est un mode semi-automatique avec priorité au diaphragme. En clair, une cellule mesure la lumière au travers de l'objectif et adapte la vitesse d'obturateur en fonction de l'ouverture choisie. L'obturateur peut ainsi travailler soit en "automatique" avec des vitesses variables jusqu'au 1/1000 sec. , soit en "manuel" au 1/90 sec. ou alors en exposition longue mécanique (pose B).
A ce sujet, le Nikonos possède le gros défaut de ne pas pouvoir bloquer l'obturateur en pose B. Il faut maintenir le doigt sur le bouton déclencheur tout au long de l'exposition, ce qui peut être gênant si l'on désire faire une pose longue. Mais les bricoleurs auront vite fait de trouver la parade, en confectionnant une pince en bois style "pince à linge".

L'objectif standard est un W-Nikkor 35mm f/2,5 à baïonnette. Il couvre un angle de champ de 62° en milieu atmosphérique et 46° en milieu aquatique.
J'utilise également un objectif Nikkor 80mm/f4, mais il faut alors utiliser un viseur optique s'adaptant sur la griffe centrale, et couvrant le même champ que l'objectif, car il faut savoir que le Nikonos n'est pas un appareil Reflex.



  •   La pellicule

Après plusieurs essais, mon choix s'est porté sur la marque Kodak. Lors de mes premières années de photos, j'utilisais le Kodachrome 64, réputé pour sa granulation très fine. Par la suite j'ai opté pour l'Ektachrome 100, offrant une meilleure sensibilité et des couleurs plus réelles.


Pour l'éclairage, les flashs magnésiques ou électroniques apportent chacun leurs avantages et inconvénients. Pour ma part, j'utilise un compromis entre les 2 techniques, selon le style et l'effet désiré.
La puissance d'un flash se traduit par son nombre guide (NG) donné par le fabricant. Cette valeur correspondant à une pellicule de 100 ASA est très importante pour la photo spéléo. C'est elle qui va nous donner l'ouverture du diaphragme par rapport à la distance d'éclairage du flash, en partant du principe que le flash fonctionne à pleine puissance.
Les 3 paramètres : NG, distance et ouverture sont donc étroitement liés, et si on en connaît deux, il est très facile de définir le troisième.
Il faut savoir également que si le flash se trouve à 1 mètre ou à 15 mètres de l'appareil photo, il va exposer la pellicule de la même intensité.

Maintenant ça… c'est pour la théorie!!!... car en pratique, d'autres facteurs viennent influencer l'exposition. Le plus courant étant la réflexion des parois (les roches noires vont absorber la lumière tandis que les claires vont la renvoyer).
Alors, certains vous diront que si on a beaucoup de lumière, il suffit de fermer le diaphragme, et si l'on en manque il faut ouvrir au max, ou alors tenter la technique du multiflash ... ...!?!

En définitive, je pense que de toute façon, malgré tous les conseils et techniques que vous pourrez trouver, c'est seulement avec de l'expérience, un peu de volonté et quelquefois un peu de chance aussi... que l'on parvient à réaliser des photos correctement exposées.

Le flash magnésique
Depuis très longtemps, l'ampoule magnésique avait de bons atouts pour les photographes spéléo : robuste, fiable, légère, peu encombrante, pas chère et surtout étanche. Le principe de fonctionnement est le suivant :

Dans une ampoule de verre remplie d'oxygène à basse pression, le contact électrique d'une pile fait rougir un petit filament, qui enflamme un fragment de combustible, qui à son tour enflamme une pelote de filaments de magnésium.

C'est donc la combustion du magnésium qui provoque la lumière du flash. Afin de limiter les éclats de verre dus à une éventuelle explosion de l'ampoule, cette dernière est généralement trempée dans un vernis transparent.

Malheureusement, le développement des flashs électroniques a porté un grand préjudice au marché des flashs magnésiques. Les fabricants ont d'abord limité leur production à un ou deux modèles, puis avec les années le marché devenant de plus en plus difficile, la fabrication s'est totalement arrêtée. En Europe, le dernier fabricant fut la société Sylvania, qui continua la fabrication jusque dans les années 1990, mais avec des prix revus à la hausse par rapport à une demande très minime pour ce genre de matériel. Aujourd'hui, tous les stocks sont bien sûr épuisés, et les quelques boîtes restantes sont généralement vendues à prix d'or...

Le flash électronique

Malgré sa sensibilité à l'humidité, son poids, son prix et sa relative fragilité, le flash électronique a toujours été un moyen simple et efficace pour la photo souterraine. Couplé à une cellule de synchronisation, il permet de photographier rapidement, et de supprimer tout risque de "bougé", même dans des conditions où les éléments sont en mouvements (rivières, cascades, etc).
Il n'est pas utile d'avoir un flash ultrasophistiqué, qui calcule la distance et la lumière ambiante, pour n'envoyer que la quantité de lumière nécessaire, car généralement ces flashs sont très chers et beaucoup plus fragiles.
Personnellement, j'utilise un flash tout simple (NG 24) pour le premier plan, ainsi que 2-3 flashs (NG 45) pour le second, arrière-plan ou contre-jour.
Aujourd'hui, étant donné que l'on ne trouve plus de flashs magnésiques, le flash électronique reste l'unique moyen pratique pour la photo souterraine


En technique "open flash" ou "synchro flash", la composition d'un beau cadrage nécessite généralement l'emploi d'une fixation solide de l'appareil. Un rocher bien placé a quelquefois fait l'affaire… mais généralement j'utilise le trépied.



Pour la tête, j'utilise une simple rotule avec blocage rapide.
Cet accessoire est très pratique, car sous terre nous sommes souvent amenés à cadrer dans des positions inconfortables




La technique

Chaque photographe possède un style personnel. Pour moi, c'est avant tout la grotte que j'aime faire ressortir, et dans ce cas le personnage importe peu ; il est juste là pour donner l'échelle et apporter un peu de fantaisie aux couleurs des parois, souvent peu contrastées.
En analysant mes photos, on peut définir un style de composition assez basique :

Un premier flash (NG 24) au niveau de l'appareil photo, éclaire le premier plan, plus le personnage (généralement de dos) à mi-plan, qui donne ainsi l'échelle du milieu dans lequel il évolue.
La personne déclenche à son tour un flash (NG 25 ou 50) dans la direction opposée au photographe, et fait généralement ressortir à son niveau la section de la galerie.
S'il y a d'autres personnages, ils déclenchent également un flash. Pour terminer, si au-delà des personnes la galerie tourne, un dernier flash en contre-jour (NG 50) permettra de donner plus de volume à la composition. Pour varier, si je désire renforcer la section de la galerie à la hauteur du premier sujet, je n'utilise pas le flash au niveau de l'appareil photo.


Ayant toujours combiné les flashs magnésiques et électroniques, j'ai utilisé dans le 95% des cas, la technique dite "open flash", dans les conditions suivantes.

Après avoir effectué le cadrage et placé mes personnages, je fais éteindre tous les éclairages ; il faut savoir qu'en pose "B" les acétylènes laissent des traînées peu esthétiques, et les éclairages électriques risquent de bouger.
Ensuite j'entame le compte à rebours à haute voix à partir de "3". A "1", je déclenche l'ouverture de la pose, et à "GO" les participants déclenchent leurs flashs. Dès la fin des crépitements, je relâche la pose pour terminer l'exposition.

Le fait d'effectuer un décompte permet de synchroniser le mieux possible tous les flashs, et éviter ainsi un éventuel "bougé" entre les personnages, durant le temps de l'exposition.



Les photos

Voici une sélection
sur près de 5000 diapos souterraines. J'aimerais également remercier toutes les personnes qui ont participé à ces photos en tant que sujet ou "flash-man", car il n'est pas toujours facile de passer plusieurs heures au froid sans trop bouger, et à flasher dans tout les sens, en appliquant les directives du photographe "capricieux"...

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